Le Capricorne est un signe de conclusion car il représente les deux pôles de toute l’expérience humaine, les profondeurs de la cristallisation et les hauteurs de l’achèvement spirituel. Ainsi, deux tendances se dessinent dans ce signe astrologique : Celle de l’homme ambitieux et matérialiste cherchant avidement la satisfaction du désir, et celle de l’aspirant cherchant égoïstement à satisfaire son aspiration spirituelle. Dans un cas, nous avons l’homme du monde qui trouve son bonheur dans la « réussite » (sociale, professionnelle,…) ; dans l’autre, c’est l’aspirant qui cherche son salut « hors du monde ». Au-delà de ces deux tendances opposées, le Capricorne est aussi le signe de l’initié triomphant, représenté par le symbole de la licorne, animal mythique avec sa corne unique projetée, telle une épée de lumière, au milieu du front.
Alors que chez le Bélier, les deux cornes sont tournées vers le sol, signifiant la descente en manifestation, chez la licorne, les deux cornes sont réunies en une seule située à l’endroit du troisième œil. La dualité propre à l’activité prédominante de l’intellect (en Bélier) est devenue unité grâce au triomphe de l’intuition (dans le Capricorne). La fusion des feux du mental, inférieur et supérieur, permet d’accéder à une lumière unique, transcendante, capable de percer le voile qui cache toute vérité. La corne unique symbolise en effet le mental focalisé et maîtrisé de l’initié qui est capable de percer le mirage et l’illusion de l’égoïsme et de l’ambition personnelle.
L’intuition est définie par Alice Bailey comme « l’agent sensitif infaillible, latent en chaque être humain ; elle est basée sur la connaissance directe, sans être entravée par aucun des instruments fonctionnant normalement dans les trois mondes. » (Télépathie et le corps éthérique, p.45-46) « L’intuition est la compréhension synthétique qui est la prérogative de l’âme (…) c’est la lumière même, et lorsqu’elle agit, le monde est vu comme lumière. » (Le Mirage, problème mondial, p.2)
Si on se focalise uniquement sur la première partie de la note-clé, je suis perdu dans la lumière transcendante, il peut nous venir à l’esprit l’image de l’ermite qui, ayant gravit la montagne de l’initiation, demeure au calme et en paix dans la lumière des hauteurs, loin de l’obscurité et du bruit de la vallée de l’expérience. Comme il est tentant pour tout aspirant animé d’une flamme mystique de rêver d’une retraite spirituelle confortable, libéré de toute contrainte matérielle et préservé de l’agitation et de la souffrance du monde. C’est une sorte de « cocooning spirituel». Ce rêve illusoire est bien loin de la réalité puisque l’effort, la tension et le combat avec les forces du monde inférieur sont les marques de l’expérience dans le Capricorne.
Le souffle du Nouvel Âge, l’ère du service, du partage et de la coopération, nous incite à nous retourner sur le socle de lumière pour regarder l’ombre. Ceci n’est pas sans rappeler l’énoncé préalable à toute méditation de pleine lune, nous invitant à refléter la lumière afin que « le visage de ceux qui sont sur le chemin de l’ombre reçoit cette lumière. Dès lors le chemin n’est plus aussi sombre. » En d’autres mots, il s’agit de se tourner vers le champ de service et y appliquer la partie du Plan à laquelle nous sommes sensible en tant qu’âme.
Sans forcément chercher refuge dans un endroit calme et reculé, certains aspirants s’isolent pourtant du monde en refusant de s’informer, en partie pour se protéger de l’afflux de mauvaises nouvelles. Même si les médias véhiculent beaucoup d’illusions, ils expriment toutefois l’ombre et la lumière, le champ de bataille mondial, le « Kurukshetra moderne » pourrait-on dire. S’informer, connaitre l’état du monde et réfléchir aux problèmes humains, conduit un jour ou l’autre à se positionner et à s’engager. Tel Arjuna, nous avons nous aussi, en tant que disciples, à faire face à cette dualité, ombre/lumière, qui exige de nous de faire des choix en conscience et de s’engager dans la lutte. Le juste choix qui mène à l’action juste ne peut pas se fonder sur les voix, souvent discordantes, du mental concret. Il nous faut écouter la voix intuitive du Soi spirituel afin de percevoir le monde phénoménal à partir de cette lumière supérieure. Alors seulement nous pouvons espérer avoir une compréhension synthétique des événements du temps et accomplir l’action juste qui en découle.
Parce qu’il est un signe d’achèvement, le Capricorne inaugure également un nouveau cycle d’effort. Actuellement, l’humanité est dans un état de perturbation avant d’accomplir un pas décisif vers le développement de sa conscience. Ceci implique l’expression du sens de la responsabilité. Devant les défis que posent les changements climatiques, l’humanité va-t-elle s’enfoncer un peu plus dans le matérialisme et accroitre la consommation des ressources planétaires au-delà du raisonnable ? Ou, à l’inverse, va-t-elle entreprendre des actions décisives qui vont dans le sens de la préservation, du développement durable et de la responsabilité vis-à-vis des différents règnes et des générations futures ?
Le Capricorne est relié au règne minéral. Il se manifeste par la tendance à la cristallisation. Nous assistons aujourd’hui à la cristallisation de nombreuses formes : institutions gouvernementales, partis politiques, système économique, rites religieux… Mais par ailleurs nous n’avons jamais autant parlé de réformes, de rénovations, et de révolutions.
La tendance à la cristallisation se voit aussi au niveau des idées. Devant les changements rapides de notre époque, un vent de conservatisme se lève en réaction à la nouvelle conscience qui émerge : Repli nationaliste, renforcement des frontières, nostalgie du passé, attachement aux anciennes valeurs patriotiques ou religieuses,… Cette tendance justifie l’immobilise et repousse au lendemain l’éveil nécessaire (et inévitable) qui conduira pleinement l’humanité dans l’esprit du Verseau, qui se caractérise par l’esprit de relation, c’est-à-dire de justes relations humaines.
Ce qu’il nous faut avant tout, c’est probablement une révolution intérieure qui suscitera des transformations d’attitudes et de comportements. Krishnamurthi parlait avec intensité et avec lucidité de ce changement radical au cœur de la conscience, surtout parce qu’il le vivait lui-même de l’intérieur. Cette révolution des consciences est déjà en cours et pour l’accompagner, il est important de se demander : Dans quelle mesure répondons-nous au changement nécessaire qui porte les valeurs du Verseau ? Quelles sont les formes-pensées cristallisées qui limitent notre capacité de servir ? Quels sont les obstacles intérieurs qui nous empêchent d’atteindre le prochain point de tension à partir duquel de nouvelles opportunités de service se présenteront ?
Le Capricorne garde le secret de l’âme, le « secret de la Gloire cachée », révélé à la 3ème initiation. Il met l’accent sur cette expérience profonde qui marque le triomphe de la vie de l’âme et qu’on appelle la Transfiguration. Au sommet de l’expérience humaine, c’est le moment où la lumière de l’âme inonde la forme inférieure à tel point que le combat longtemps mené entre l’énergie spirituelle et les forces matérielles prend fin. L’âme victorieuse adombre alors pleinement la personnalité alignée et définitivement soumise aux puissances supérieures.
Dans un monde où tant de personnalités s’affirment avec force et arrogance, rappelons-nous que l’entrée sur le véritable Sentier spirituel impose l’humilité. C’est à genoux que le disciple traverse la porte qui le fait entrer dans une plus grande lumière, en renonçant complètement au pouvoir de l’égo personnel (ce petit égo n’est-il pas aussi une forme-pensée cristallisée couvée par notre regard illusoire sur nous-mêmes ?) L’humilité est la conscience de nos insuffisances, de nos faiblesses, de notre vulnérabilité. Cela ne signifie pas l’absence de dignité car un individu humble peut aussi reconnaitre en son cœur la lumière de l’âme. Il s’agit simplement de reconnaitre notre humanité, notre valeur à sa juste mesure, notre égalité en tant que citoyens du monde, et d’exprimer notre responsabilité bienveillante les uns vis-à-vis des autres, avec un sens élevé d’impersonnalité. L’impersonnalité est une expansion de l’amour personnel.
Le Capricorne est, dans son expression la plus haute, un grand signe de transformation qui ouvre la porte de la Hiérarchie où les trois dernières initiations peuvent être prises. C’est donc avant tout, un signe d’initiation et chaque initiation nous mène plus près de la libération et de la lumière transcendante par un lâcher-prise progressif du monde des formes (physiques, émotionnelles, et mentales).
Il est utile de chercher à comprendre l’initiation. Par contre il est inutile d’utiliser le terme « initié » pour parler de soi ou d’autres personnalités. Alice Bailey détestait ce mot car il divise, sépare et place des catégories entre individus. Il est préférable d’utiliser le terme « disciple » qui vaut autant pour désigner un aspirant novice qu’un Être tel que le Christ.
L’initiation est un processus de révélations qui se déploient. A chaque initiation, la lumière brille avec plus de rayonnement. Plus grande est la lumière, plus grand est le service et plus grand est le sacrifice. Le sacrifice suprême en service à Dieu est révélé sur le sommet de la montagne de l’expérience. C’est pourquoi le Capricorne est un signe de conclusion. Le sommet de la montagne marque un point au-delà duquel l’ascension continue n’est plus possible. A la place, il faut descendre dans la vallée de douleurs, de désespoir et de mort et servir là avant qu’une nouvelle ascension puisse prendre place.
S’élever, cela impose paradoxalement de descendre dans notre propre « enfer intérieur ». C’est ce qu’a réalisé Hercule en maitrisant Cerbère, le chien à trois têtes, symbole de la triple personnalité irritable et égoïste. Ensuite il libéra Prométhée de terribles souffrances, qui était enchaîné dans le monde ténébreux de la matière la plus dense.
L’humanité doit affronter aussi bien son Gardien-du-Seuil que l’Ange de la Présence. Elle doit découvrir que l’ombre et la lumière constituent cette dualité complexe qu’est la famille humaine. Rien que sur le champ de bataille syrien, nous pouvons observer d’une part l’œuvre héroïque des « casques blancs » qui, sans aucune arme pour se défendre, sauvent des vies dans les décombres des quartiers bombardés, et d’autre part, il y a le jeu des milices dites « islamistes » qui cherchent à tirer profit d’une révolution qui n’est pas la leur. D’un point de vue plus global, le champ de bataille est celui entre le vieil ordre établi avec ses coutumes et ses habitudes, et les nouvelles tendances et inclinations supérieures.
Dans le Capricorne, l’individu fait la découverte de l’ombre et de la lumière, l’expérience de la vallée obscure et des hauteurs éclairées, et il affronte les deux extrêmes dans sa conscience.
Le disciple qui s’est auto-initié fait généralement preuve de silence et de simplicité. Le silence et la solitude sont des caractéristiques nécessaires à l’ascension de notre montagne intérieure. C’est deux vertus ne sont pas facile à cultiver dans le monde moderne. Les bruits extérieurs sont très présent dans les villes, et les immeubles, et quand on parvient à trouver un lieu calme, c’est le bruit de nos propres pensées qui devient évident, voire assourdissant. Quant à la solitude, elle fait peur à beaucoup de gens. Et pourtant, le Tibétain nous rappelle que « c’est dans la solitude que fleurit la fleur de l’âme. » (Alice Bailey, Traité sur la Magie Blanche)
Comme nous l’avons vu, l’énergie du Capricorne peut, dans son expression inférieure, produire un individu avec une ambition considérable, mais elle peut aussi mené à un état de cristallisation. En d’autres mots, l’être humain peut atteindre beaucoup dans sa carrière personnelle, mais il atteindra finalement un point de réalisation au-delà duquel il ne pourra aller. Il peut aller de l’avant seulement après avoir brisé l’ambition du succès qui se révèle être illusoire. « Quand le vrai sens de la réalité remplace à la fois l’ambition terrestre et l’ambition spirituelle, l’homme peut dire en vérité : « Je suis perdu dans la lumière transcendante, et cependant je tourne le dos à cette lumière. » (Alice Bailey, Astrologie ésotérique)